Gambie : Les 50 ans de l’indépendance sous haute tension
Politique

Par Sébastien Badibanga 18 février 2015
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Ce mercredi 18 février 2015, le président gambien Yahya Jammeh a mis les petits plats dans les grands pour recevoir ses invités d’honneur : les chefs d’états mauritanien, guinéen, bissau-guinéen et sénégalais. L’occasion de célébrer les 50 ans de l’indépendance de la Gambie acquise en 1965. Le hic ? La population, brimée et réprimée, n’a pas le cœur à la fête.
Les Gambiens, terrifiés par le climat de tension qui règne dans le pays, n’ont pas le cœur à la fête. De leur côté, le président Yahya Jammeh et son gouvernement célèbrent le 50e anniversaire de l’indépendance de la Gambie acquise en 1965. D’où les festivités prévues pour recevoir les dirigeants mauritanien, guinéen, bissau-guinéen et sénégalais. Comme tout va bien au pays des merveilles, c’est aussi l’occasion de fêter les 20 ans au pourvoir -acquis par la force en juillet 1994- de l’exécutif.
Les célébrations, avec de l’abondance et du luxe, auront lieu au stade principal de Banjul, la capitale. Les organisateurs ne se sont pas privés d’envoyer des messages de propagande à la population par le biais des réseaux sociaux. A en croire que « tout va très bien, madame la marquise ».
Privés de libertés individuelles, les Gambiens se tournent vers la communauté internationale
Déjà, en 2008, la Commission africaine des droits de l’Homme et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao) tiraient la sonnette d’alarme sur les violations aux libertés individuelles en Gambie. Une intervention qui n’a pas calmé les hardeurs du président Jammeh. En 2012, le chef d’État gambien a fait exécuter 9 condamnés à mort sur 47 dans la nuit du 23 au 24 août. Puis, en 2013, le dictateur interdit toute critique envers son gouvernement. Enfin, en février 2014 devant l’Assemblée générale des Nations unies, il annonce vouloir « combattre les gays de la même manière que nous luttons contre les moustiques ».
Depuis 20 ans, encore plus après la tentative de coup d’état dont il a été victime le 30 décembre 2014, Yahya Jammeh a durci le ton de la répression en renforçant l’arsenal législatif en matière de liberté d’expression. « La peur est omniprésente en Gambie depuis vingt ans. La société civile, les journalistes et opposants politiques subissent en toute impunité intimidations, menaces de mort, arrestations et incarcérations arbitraires, tortures et disparitions forcées », déclare Nicolas Krameyer, responsable du programme Protégeons les personnes à Amnesty International, interrogé par Le Monde Afrique.
Selon l’ONG américaine Amnesty international, « une trentaine de personnes ont été arrêtées et maintenues en prison sans inculpation, à la mi-janvier ». Conséquence : ils risquent au minimum la prison voire la condamnation à mort. Cette tension permanente explique pourquoi les Gambiens ne sont pas motivés pour faire la fête ce 18 février 2015, date du 50e anniversaire de l’indépendance de la Gambie. D’autant plus qu’ils sont soupçonnés par Yahya Jammeh d’avoir commandité la tentative de putsch du 30 décembre 2014.
Du coup, les Gambiens regrettent l’âge d’or perdu et exhortent la communauté internationale à les aider à sortir de cet enfer.