RDC : les Congolais de Paris saluent un réveil démocratique
Politique

Par Redaction NOFI 23 janvier 2015
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Malgré un retour au calme, la tension reste vive à Kinshasa. Les militaires quadrillent les quartiers les plus sensibles de la capitale congolaise et l’opposition appelle déjà à poursuivre le mouvement social contre la modification de la loi électorale. A Paris, on applaudit le « réveil démocratique du peuple congolais ».
Par Sébastien Badibanga
Après quatre jours d’émeutes en République démocratique du Congo (RDC), l’opposition appelle déjà à la poursuite du mouvement social contre le projet de loi modifiant la loi électorale qui doit être voté ce vendredi au Sénat. Les Kinois, privés de l’Internet et de SMS, restent perplexes. De lundi à jeudi, Marie (on n’a changé son nom), enseignante, est restée cloîtrée à son domicile. A l’entendre, la tension était à son comble au point que les écoles sont restées fermées. Selon elle, le calme est un peu revenu jeudi.
Elle admet néanmoins que tout n’est pas rentré dans l’ordre : « les militaires quadrillent les quartiers les plus sensibles de la ville. » Force est de constater que la semaine a été mouvementée à Kinshasa, la capitale de la RDC. En cause, le projet de loi modifiant la loi électorale. Fustigeant une manœuvre politique, l’opposition soupçonne toujours le président Kabila de vouloir se représenter à l’élection présidentielle de 2016. Pourtant, le texte législatif initial est clair : un président sortant n’a le droit de se représenter qu’une seule et même fois. D’où les troubles de ces derniers jours, parfois réprimés par les armes. Résultat : d’après la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), les émeutes auraient causé la mort de 42 personnes dans le pays. Des chiffres aussitôt remis en cause par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui parle quant à lui de 12 morts ainsi que de 300 arrestations. Pour autant, nombreux sont les Congolais de Paris qui encensent «le réveil démocratique » de leurs compatriotes restés au pays.
Un policier entrain d’évacuer des pierres placées par des manifestants sur une des routes de Goma #RDC #Telema pic.twitter.com/WayUYI1Ztl
— Ley Uwera (@Ley_Uwera) 21 Janvier 2015
Une lueur d’espoir
Pour beaucoup des expatriés congolais vivant dans la capitale française, cet élan démocratique donne du baume au cœur. « C’est une très belle chose ce réveil congolais. Même s’il est tardif, ça fait quand même du bien ! », s’exclame un musicien congolais. « Enfin, le peuple congolais commence à réaliser que son avenir est entre ses mains », poursuit-il, avant de conclure : « Kabila avait promis, dit des choses, qu’il n’a finalement pas faites. Les Congolais ne sont plus dupes. »
Du même avis, William se réjouit du sursaut de son peuple. « C’est une lueur d’espoir », lâche cet habitant de banlieue-est parisienne. Et de poursuivre : « Je pense que le peuple congolais prend exemple sur d’autres peuples africains, comme par exemple le peuple burkinabé (qui a récemment renversé son président Blaise Campaoré, ndlr) en exprimant tout simplement son opinion que cela plaise ou non au pouvoir en place.» « C’est inadmissible qu’un président tue son peuple sans vergogne dans un pays démocratique. Kabila pourrait être jugé à la Cour pénale internationale (CPI) », ajoute le jeune ingénieur.
Justement, ce sentiment d’impunité a le don de révolter Cédric. « Ce qui se passe à Kinshasa ressemble à un coup d’Etat (constitutionnel, ndlr) à l’africaine », s’offusque le résident de Corbeil-Essonnes (91). « J’ai même peur que ce qui arrive au Congo-Kinshasa se déroule aussi au Congo-Brazzaville, car notre président aussi ne veut pas renoncer au pouvoir. » Pour cet électricien de 30 ans, « la meilleure façon de se faire entendre (en Afrique, ndlr) c’est de manifester car sinon nos présidents ne comprendront jamais nos frustrations ».
28 morts à #Kinshasa en 2 jours. Le gouvernement tue son propre peuple http://t.co/xeVzT7XpAL #Telema pic.twitter.com/hgIeTdxRo5
— #Team243 (@LaTeam243) 20 Janvier 2015
« Le peuple congolais : l’instigateur des révolutions en Afrique »
Il y a lieu de craindre un regain de tension ce vendredi si le Sénat valide le projet de loi modifiant la loi électorale. Joint par Nofi.fr, Jean-Louis Tshimbalanga, responsable de l’association Convergence pour l’émergence du Congo, basée à Paris, met en garde contre un embrasement de la situation. Appelant à la responsabilité du pouvoir en reconnaissant que tout ce qui se passe n’est pas crédible, il prévient : « cette année, tout sera fait pour que le peuple récupère le pouvoir. » Et de rappeler : « En 1959, aucun peuple en Afrique a fait ce que le peuple congolais a réalisé (pour accéder à son indépendance en 1960, ndlr). » « On nous parle du Burkina Faso, mais on oublie souvent que l’instigateur des révolutions en Afrique c’est le peuple congolais ! », souligne-t-il. D’après ce militant, « le peuple congolais est pris en otage par le pouvoir en place. Les institutions ont confisqué le pouvoir du peuple et les hommes politiques sont illégitimes car ils ont été élus par la fraude ».
Même si l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, appelle à des manifestations pacifiques, le peuple congolais a soif de démocratie…