Entre recueillement, crainte de ‘néo-croisades’ et hypocrisie
Société

Par Sandro CAPO CHICHI 8 janvier 2015
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Les terribles événements de ce matin qui ont vu la mort d’une policière martiniquaise des mains d’un assaillant supposé noir ont fait suite à ceux qui ont vu la tuerie dans la rédaction du journal Charlie Hebdo…et un nouveau raid meurtrier de Boko Haram qui a fait plus de cent morts au Nigéria.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Ce matin à Montrouge en région parisienne, un homme décrit par une source policière comme étant de type africain (entendez : ‘un Noir’) et portant un gilet pare-balles aurait tiré sur des policiers, tuant l’une d’entre elles. Cette dernière, Clarissa Jean-Philippe, âgée de 25 ans, était d’origine martiniquaise. Il s’agirait donc là d’un crime ‘Black on Black’ selon l’expression américaine consacrée. A l’heure actuelle, aucun élément ne nous permet de deviner les motivations du tueur. Les liens avec la tuerie de la rédaction de Charlie Hebdo par des viennent toutefois à l’esprit, bien qu’ils aient été pour l’instant écartés tout au moins au niveau de la connaissance mutuelle et du concert des meurtriers. Rien n’exclut non plus l’influence des premiers crimes sur le second : on aurait ainsi affaire à une série de crimes jihadistes qui semblerait pouvoir nous faire basculer dans une guerre des religions, une sorte de néo-croisade contre l’Islam, représentée par des soldats de la foi musulmane maghrébins et peut-être noirs, exactement comme au Moyen Âge. C’est malheureusement ce que laisse penser un certain nombre de commentaires trouvés au bas d’un certain nombre d’articles traitant de l’affaire de Charlie Hebdo un peu partout sur le Web, et c’est fort dommage.
Deux poids deux mesures?
Depuis hier, notre rédaction a reçu de nombreux messages nous reprochant de ne pas nous être manifestés sur la tuerie de Charlie Hebdo et de n’avoir pas rendu publiquement hommage aux victimes. Il est évident que nous manifestons notre compassion pour les proches des victimes, comme pour ceux de Clarissa Jean-Philippe, personne dans ce monde ne méritant de subir le sort de ces dernières. Toutefois, bien que nous soyons ouverts à tous les publics, notre ligne éditoriale est volontairement positionnée à travers le prisme du monde noir. Et cela nous permet, par rapport à d’autres médias, de parfois sensibiliser nos lecteurs à des tragédies qui y passent parfois inaperçues pour la simple et unique raison que leurs victimes ne vivent parfois pas dans la bonne zone géographique. Combien de ces personnes, époumonées en réaction à la tragédie de Charlie Hebdo, auraient sans cet article, réellement bronché en entendant que les jihadistes de Boko Haram ont fait hier plus de cent morts, réduisant à néant 16 villes et villages du Nord-Nigéria? Combien d’entre eux nous ont demandé de nous manifester lors de chacune des tueries de cette secte qui ont fait plus de 2000 morts en 2014? Combien de ces personnes pensent au moins une fois par jour aux 50 femmes violées par heure en RDC? Certains événements tragiques qui touchent les nôtres sont devenus si terriblement fréquents qu’au lieu d’alerter les nôtres par leur importance, ils deviennent malheureusement aussi banals et insignifiants que des buts de Messi ou de Ronaldo en championnat d’Espagne. La cause de la liberté de la presse en France est extrêmement honorable ; elle n’est pas pour autant supérieure dans sa tragédie à la vie d’innocents dans d’autres parties du monde, notamment le monde noir. C’était là l’objet de cet article d’analyse de l’actualité.
Just my 2 Francs CFA.