Manuel Valls, le nouveau Mandela?
Société

Par Sandro CAPO CHICHI 23 janvier 2015
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Après avoir parlé d’apartheid il y a quelques jours au sujet de quartiers populaires de France, le premier ministre français Manuel Valls a déclaré hier y vouloir lutter contre la ghettoïsation et la ségrégation. Il a pour cela proposé une ‘politique de repeuplement’.
Apartheid, ségrégation? Quelle mouche a donc piqué Manuel Valls pour qu’il compare ainsi l’Afrique du Sud de la séquence 1948-1991 aux banlieues françaises? Aussi difficile puisse être la situation de certains des nôtres dans les banlieues françaises, une telle comparaison devrait faire se retourner dans leurs tombes les soixante-dix morts du massacre de Sharpeville et Steve Biko. On connaît certes les envolées lyriques outrancières du Premier Ministre français qui n’a pas hésité pas à présenter, il y a plus d’un an, Dieudonné comme l’ennemi public numéro de son pays, pourtant en proie à un fort taux de chômage, à la crise économique et à l’insécurité, mais on peut avoir du mal à comprendre. Et puis quel rapport avec la lutte anti-terroriste dans laquelle est censée s’inscrire cette déclaration?
Valls a ainsi dit ne plus supporter, comme républicain, de voir cet enfermement, cette relégation dans un certain nombre de ces quartiers (…), que dans des écoles on ne trouve que des élèves issus de familles pauvres, souvent monoparentales, issues uniquement de l’immigration, des mêmes cultures et de la même religion.
Donc la ghettoïsation créerait une communautarisation, une perte de repères et un repli identitaire par rapport à la France et favoriserait le terrorisme. Mouais, pourquoi pas. Mais depuis quand Manuel Valls a-t-il manifesté un intérêt sensible pour d’autres communautés que les Juifs français à qui il a à plusieurs reprises déclaré son amour, son lien éternel qui l’unit à eux, leur droit entier à pratiquer leur religion tout en menaçant ou en stigmatisant les musulmans? Une explication plus plausible du comportement de Valls est à mon avis ses propos supposés hors caméra en 2009, où il avait déclaré vouloir voir plus de Blancs dans sa ville d’Evry, leur absence donnant à cette dernière une mauvaise image.
Valls avait ensuite tenté de manière peu convaincante de justifier ses propos en déclarant qu’il voulait lutter contre le ghetto et ‘unifier les Français’, déclarant vouloir s’inspirer du Barack Obama de 2009, Prix Nobel de la Paix (!)
Le problème est toutefois que dans cette vidéo , Valls ne mentionne que la couleur des populations qu’il aimerait voir donner une meilleure image à la ville d’Evry, pas leur statut social. Il y a des Blancs pauvres en France, issus ou non de l’immigration et beaucoup d’entre eux seraient choqués d’apprendre de Manuel Valls que ‘tout le monde’ les considère comme des riches à cause de la couleur de leur peau.
De manière tout à fait intéressante, Manuel Valls déploie depuis un certain temps une certaine ardeur à combattre l’ ‘antisémitisme’ et notamment les préjugés qui associent les Juifs à la richesse. Donc on aurait le droit de dire que beaucoup de Noirs et de Maghrébins sont pauvres sous peine de pratiquer la langue de bois, mais pas de dire que beaucoup de Juifs sont riches? Je dois avoir la gueule de bois…
A mon avis, cette utilisation par Valls des termes d’apartheid, de ghetto et de ségrégation n’est qu’une tentative de rationalisation de ces propos douteux que Valls traîne depuis 2009 comme un boulet. Avec ces nouvelles mesures alliées à ces mots chocs, Valls espère peut-être, après Barack Obama, faire avaler aux plus neuneus d’entre nous qu’il serait la dernière incarnation de Nelson Mandela pour espérer gagner leurs voix pour 2017… Mais bon comme dirait l’autre, « plus la carotte est grosse, plus l’auditeur écarte les cuisses ».