Elodie BADOHOUN, cofondatrice de la marque KÉVÉ
Lifestyle

Par Noella 7 octobre 2014
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À l’occasion du dévoilement du lookbook printemps-été 2013, nous avons rencontré l’équipe de KÉVÉ pour en savoir un peu plus sur cette nouvelle collection !
En quelques mots qui es-tu ?
Bonjour à tous, je suis Elodie BADOHOUN, styliste-modéliste homme/femme de formation. J’ai travaillé chez plusieurs créateurs avant de créer Kévé avec Olivier BADOHOUN, mon frère et associé.
Comment êtes-vous devenue designer ? Est-ce une vocation ?
J’ai fait la formation précédemment citée à Esmod car j’ai toujours su ce que je voulais faire. J’ai eu beaucoup de doutes dû à mon jeune âge, à mon manque de confiance et à l’insécurité que peut représenter le monde artistique. J’ai donc suivi une voie générale, mais ce n’était pas ça ! J’ai donc tout plaqué pour suivre cette nouvelle formation et enfin faire ce que j’aimais vraiment. Je voulais partager mes idées, mes envies, mes rêves. Je voulais mettre en valeur le corps humain, avec un petit quelque chose de nos origines. C’est une vocation. C’est juste que je l’ai compris tardivement.
À quoi ressemble une journée type du designer Elodie BADOHOUN?
Une journée type ? Réveil à 7h, c’est-à-dire levée à 8h30! Mails, puis constitution de l’emploi du temps du jour, rdv, création/couture, suivi, production… couchée à 1h.
Quelles sont les principales difficultés que vous devez surmonter ?
Ce sont principalement des difficultés dues à la structure naissante de la société. Nous sommes peu nombreux et portons toutes les casquettes en même temps. On court après ce temps, justement. C’est le plus gros challenge.
Pourquoi avoir fait le choix (stratégique) du sur-mesure?
Il s’agit d’une production de chemises made in Togo. Ce n’est pas du sur-mesure. Seuls quelques modèles sont en série ultralimitée (6 pièces par modèle).
Que pensez-vous de ce buzz sur le wax et le bazin chez les designers de haute couture et prêt-à-porter occidentaux?
C’est plutôt positif, mais c’est dommage que ça ne se soit pas passé avant. Cela permet de faire connaître ces matières
« afros », très portées en Afrique, au grand public occidental. Cela a amené la démocratisation de ces tissus, qui les rend plus accessibles quelle que soit leur origine. Chez Kévé, ce n’est pas qu’un effet de mode. L’essence de la marque est cette touche afro soit par le made in Africa, soit par l’emploi de tissus particuliers.
D’où viennent vos tissus ? Présentez-nous les matériaux avec lesquels vous travaillez.
Nos tissus viennent de Lomé, au Togo. Nous avons la chance de bénéficier d’un marché du tissu très bien fourni, où s’approvisionnent d’ailleurs les professionnels des pays limitrophes. Nous utilisons des matières de la chemiserie classique, fil à fil, popeline de coton ou polycoton. Nous les agrémentons de tissus particuliers, comme le wax et le bazin, un de mes tissus préférés. Il n’est pas évident de renouveler une pièce aussi standard que la chemise.
D’où vient votre inspiration ?
Effectivement, ce n’est pas aisé de renouveler la chemise de prime abord. Du moins, c’est ce qu’on pourrait penser. Mais en réalité, c’est le challenge de la mode masculine. À la fois classique et offrant tellement de possibilités. Il y a tant de propositions à faire. J’aime particulièrement les vêtements pour homme. Et la chemise est un produit à la fois élégant et décontracté, cool, adaptable à tous les styles. Tout est dans le détail pour l’homme. Cette subtilité est intéressante. Je m’inspire du moment, d’envies, de détails de la vie quotidienne, de couleurs, d’une scène de film, d’une discussion… de l’Afrique, de l’Europe.
Qui est l’homme, mais aussi la femme KÉVÉ ? Comment l’imaginez-vous ?
Il est beau, intelligent, actif …(rire). L’homme Kévé est un homme élégant, qui a ce souci du détail sans trop en faire. Il se soucie de l’histoire que raconte Kévé, du made in Africa. Il apprécie d’être bien dans ses vêtements, les belles matières… Il est de toute origine, toute orientation confondues. Quant à la femme Kévé, elle est belle, intelligente, active… C’est une femme qui s’assume, qui mène plusieurs vies en une.
Vous avez eu l’occasion de participer à l’African Fashion Week London, pouvez-vous nous parler de cette expérience?
AFWL a été la première rencontre avec le public. C’était une bonne expérience. Intense et riche. C’était le premier défilé de la marque également. Moment fort en émotions. Cette expérience nous a ravis et confortés dans cette aventure. Les Londoniens ont été très réceptifs.
Quelles ont été vos inspirations pour la création de votre dernière collection?
La dernière collection présentée s’appelle Authentic Sun. C’est un clin d’œil au soleil bien-aimé et tant attendu en Europe. Le soleil, c’est aussi l’Afrique. Authentique, pour la marque Kévé dans son ensemble. Nous voulons travailler dans de bonnes conditions avec nos partenaires africains. La marque Kévé est franco-togolaise, comme ses créateurs. Nos ressources humaines et nos matières sont africaines. C’est simplement pour rappeler que nous ne surfons pas sur une « vogue », la mode ethnique, parce que c’est l’été et que l’Afrique sonne vacances ou que le wax est à la mode. Nous voulons tout simplement mettre en valeur les richesses du continent. Kévé est « authentic ». Notre inspiration, c’est l’Afrique et sa culture.
Vos modèles portent le nom de villes africaines (Accra, Lagos, Lomé…) et européennes (Madrid, Londres…) très spécifiques. Que représentent-elles pour vous?
Nous avons donné à ces modèles le nom de grandes villes africaines car ils sont « cosmopolites ». Ils nous ont fait penser à ces villes multiculturelles et ouvertes sur le monde. On retrouve d’ailleurs les chemises Kévé un peu partout dans le monde, car la clientèle est internationale. Les chemises Kévé plus affirmées « afro » s’appellent Lomé, Lagos ou Accra. Les noms des villes d’Europe ont été donnés aux modèles unis, ton-sur-ton, toujours mélangés avec le bazin.
Trois objets que vous amèneriez dans une île déserte?
Un kit de couture, mon portable avec l’accès aux mails, une photo de famille.
Pour ou contre le sac à main pour homme ?
Pour !
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait être designer?
Il faut croire! Il est très important de croire en ses rêves et ses projets. Tous sont réalisables, même les plus fous. Il faut bien préparer son travail, aucune négligence, être soutenu et entouré, parler de son projet autour de soi, être patient et à l’écoute.
Si je vous dis « afro inspiration » ?
La Famille!