[AFRIQUE] MICHEL DJOTODIA, MOUSSA DADIS CAMARA, AMADOU SANOGO : TROIS PUTSCHISTES QUI N’ONT RIEN APPORTÉ À LEUR PAYS
Politique
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Par SK 15 octobre 2014
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Tous trois sont devenus chef d’Etat en un temps record. Autre point commun : avoir fait basculer leur pays dans le chaos durant et après leur magistère. Leurs noms ont occupé et continuent d’occuper l’actualité internationale
Par Souleymane Diallo
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : Djotodia, l’irresponsable
Aujourd’hui, les responsabilités sont, certes, partagées dans la crise en Centrafrique, mais ce qui a vraiment poussé le pays dans le chaos reste en grande partie la confusion communautaire. Et Michel Djotodia, musulman venu au pouvoir par la force, avec la bénédiction de la France en destituant François Bozizé, est resté attentiste face aux massacres de la milice Séléka qui l’a porté au pouvoir. Aujourd’hui, si les Anti-Ballaka sont qualifiés d’« ennemis de la paix », c’est parce qu’ils ont une soif de vengeance sur les musulmans qui ont tué beaucoup des leurs.
Ce genre de politiciens existent beaucoup en Afrique, ils instrumentalisent leur communauté pour des fins de légitimité et ainsi, les populations tombent dans le piège et s’adonnent à des massacres. En plus de cela, Djotodia a contribué à faire perdre encore plus sa souveraineté à son pays. Une énorme responsabilité, qui doit édifier tous les Africains, car après tous ses errements, Djotodia est parti se reposer dans une résidence au Bénin.
Le jeu des politiciens sur la fibre communautaire est une grande menace pour la stabilité du pays ; en Guinée par exemple, la rivalité actuelle entre le président Alpha Condé et son opposant Cellou Dalen Diallo a accentué l’ethnocentrisme dans le pays, désormais tellement divisé entre Malinkés et Peulhs que la situation, extrêmement fragile, peut basculer à tout moment.
GUINÉE : Dadis Camara, le fantaisiste
Le Guinéen Moussa Dadis Camara est un militaire arrivé au pouvoir le 28 décembre 2008 pour le quitter le 3 décembre 2009.
Contrairement à Michel Djotodia, il n’a pas été mis en place par la France. Il arrive au pouvoir par les armes suite à la mort du président Lansana Conté, deuxième président de la République de Guinée, en place plus de vingt ans. Il hérite donc d’un pays rythmé par une administration corrompue.
Quelques heures après l’annonce de la mort de Lansana Conté, le capitaine Camara, jusqu’alors inconnu du grand public, apparaît à la radio-télévision guinéenne pour annoncer la suspension de la Constitution et de toutes les institutions républicaines, ainsi que la dissolution du gouvernement. Il prononce un discours à caractère social, dénonçant le désespoir profond du peuple de Guinée, la complicité des dignitaires du pouvoir dans le pillage des ressources du pays et leur incapacité à fournir à la population les services de base.
Le 23 décembre 2008, il est porté à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Le lendemain, les forces armées le désignent président de la République de Guinée, et Camara promet des élections « libres, crédibles et transparentes » pour décembre 2010. Mais alors qu’il avait certifié qu’il ne participerait pas à l’élection présidentielle, Dadis Camara affiche son intention de se présenter, déclenchant une importante mobilisation de la société civile et de partis politiques d’opposition.
Aucune promesse n’a, donc, été tenue. Après quelques mois au pouvoir, le capitaine prend des airs de roi et commence une gestion paradoxale du pays qui en déçoit plus d’un. Son arrogance et ses allures guerrières sont une honte planétaire pour la Guinée. Un désordre sans commune mesure s’est installé dans le pays, et la gestion est plus que mauvaise.
Le 28 septembre 2009, des milliers de personnes convergent au stade national de Conakry, pour manifester pacifiquement contre la candidature de Daddis. Une fois les manifestants à l’intérieur du stade, l’armée guinéenne leur tire dessus à balles réelles occasionnant la mort de 157 personnes. Et plus d’une centaine de femmes venues au stade sont violées.
Si Moussa Dadis Camara n’a pas été mis en cause formellement par la justice guinéenne à ce jour, la Commission d’enquête internationale sur la Guinée a estimé, dans son rapport rendu en décembre 2009, qu’il « existe des raisons suffisantes de présumer une responsabilité pénale directe du président Moussa Daddis Camara, voire une responsabilité de commandement, pour les faits qui se sont produits dans le contexte de l’attaque et les jours suivants ».
Jusqu’à présent, le peuple guinéen reste sur sa fin car aucun avancement de l’instruction sur le massacre du 28 septembre n’a été constaté.
C’est dans cette confusion que Dadis a dirigé la Guinée. Son aide de camp Aboubacar Toumba Diakité (d’abord soupçonné d’avoir pris part au massacre de Conakry, puis finalement mis hors de cause) tente de l’assassiner en lui tirant une balle dans la tête. C’est ainsi que Moussa Dadis Camara quitte le pouvoir. Il est actuellement au Burkina Faso.
Ces putschistes qui arrivent au pouvoir en Afrique, au lieu de booster les choses et de faire avancer le pays, le balancent dans un retard monstre.
MALI : Sanogo, au pouvoir pendant vingt jours
Le capitaine Amadou Sanogo décide de mettre un terme à la menace des djihadistes qui tentent de s’emparer du territoire national. Il destitue le président Toumani Touré et s’empare du pouvoir le 22 mars 2012.
Son coup d’État l’a maintenu au pouvoir seulement vingt jours. En parallèle, il a permis aux djihadistes d’avancer et de s’emparer des localités stratégiques.
Une mauvaise gestion qui a handicapé le Mali et ouvert la voie à l’armée française.
Un putsch, avec tous les risques qu’il engendre, doit augurer des lendemains meilleurs, et non noyer le pays dans des eaux troubles comme l’ont fait ces trois dirigeants.
Le Ghana, par exemple, a bénéficié du coup d’État de 1981, d’un chef rigoureux et déterminé. Et si, aujourd’hui, le pays est un modèle en Afrique, c’est en partie grâce au président Jerry John Rawlings. Ses quinze années au pouvoir ont été une période charnière pour le Ghana. Il y a eu une réelle refonte économique sous son impulsion, qui s’est converti à l’économie de marché, avec le soutien des institutions financières.